Lien entre le TDAH et les troubles d'apprentissage : comprendre et agir

Lien entre le TDAH et les troubles d'apprentissage : comprendre et agir
Gaspard Beauchemin 18 oct. 2025 12 Commentaires Santé et bien-être

Vous avez sans doute entendu parler du TDAH trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité, caractérisé par l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Ce qui surprend souvent, c’est la fréquence élevée à laquelle il coexiste avec des troubles d'apprentissage difficultés spécifiques à acquérir ou à appliquer des compétences académiques malgré un enseignement normal. Cette double présence n’est pas une simple coïncidence ; elle repose sur des mécanismes neurobiologiques, psychologiques et environnementaux qui se recoupent. Décortiquons ensemble ce lien pour mieux identifier, diagnostiquer et soutenir les personnes concernées.

Qu’est‑ce que le TDAH ?

Le TDAH affecte environ 5 % des enfants et 2,5 % des adultes dans le monde. Les critères diagnostiques, définis par le DSM‑5, reposent sur trois axes : inattention persistante, hyperactivité/impulsivité et impact fonctionnel. Chez les enfants, les difficultés se manifestent souvent en classe : incapacité à rester assis, à suivre les consignes ou à terminer les devoirs. Chez l’adulte, le tableau évolue vers une désorganisation chronique et une gestion du temps déficiente.

Qu’entend‑on par troubles d’apprentissage ?

Les troubles d'apprentissage incluent la dyslexie, la dyscalculie, la dyspraxie, la dysphasie et d’autres déficits spécifiques du traitement de l'information. Ils sont généralement identifiés lorsqu’un élève possède un QI dans la moyenne ou supérieur, mais présente des performances nettement inférieures à son potentiel dans une ou plusieurs matières scolaires. La prévalence globale se situe autour de 10 % chez les enfants en âge scolaire.

Statistiques de comorbidité

Des études réalisées dans plusieurs pays montrent que 30 à 50 % des enfants atteints de TDAH présentent également un trouble d'apprentissage. Inversement, 20 à 40 % des enfants diagnostiqués avec une dyslexie ou une dyspraxie ont un TDAH. Cette forte comorbidité suggère des facteurs partagés, tant génétiques que neurodéveloppementaux.

Neurobiologie partagée

Les deux conditions reposent sur des anomalies de la connectivité cérébrale. La neuropsychologie étude du lien entre fonctions cognitives et structures cérébrales révèle des déficits similaires au niveau du cortex préfrontal, du corps calleux et du cervelet. Ces zones sont essentielles pour la régulation de l’attention, le traitement du langage et la coordination motrice. Des études d’imagerie fonctionnelle (IRMf) montrent une activation réduite du réseau fronto‑pariétal pendant les tâches d’attention, que ce soit chez les patients atteints de TDAH ou de dyslexie.

Illustration d’un cerveau montrant les zones affectées par le TDAH et la dyslexie.

Comorbidité : quels troubles se côtoient le plus souvent ?

Parmi les troubles d'apprentissage, deux se démarquent par leur fréquence d’apparition avec le TDAH :

  • Dyslexie difficulté à décoder les mots écrits, affectant la lecture fluide : 30 % des enfants TDAH.
  • Dyspraxie trouble de la planification et de l’exécution des gestes coordonnés : 20 % des enfants TDAH.

Ces associations entraînent une surcharge cognitive : le cerveau doit gérer simultanément l’inattention, la mauvaise organisation du texte et les problèmes moteurs. Le résultat est souvent un décrochage scolaire rapide.

Évaluation et diagnostics complémentaires

Un diagnostic précis nécessite la collaboration de plusieurs spécialistes. La psychiatrie pédiatrique discipline médicale spécialisée dans les troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent conduit l’évaluation clinique du TDAH. En parallèle, les tests neuropsychologiques batterie d’épreuves mesurant l’attention, la mémoire, le traitement du langage, la motricité fine permettent d'identifier les troubles d'apprentissage spécifiques.

Le protocole recommandé inclut :

  1. Entretien avec les parents et l’enfant pour recueillir l’historique développemental.
  2. Échelles d’évaluation standardisées (ex. : Conners, Vanderbilt).
  3. Évaluations cognitives (WISC‑V, WAIS‑IV) pour détecter les écarts de performances.
  4. Tests spécifiques : test de lecture de mots (Dyslexie), test de coordination (Dyspraxie).
  5. Observation en classe ou à la maison, afin de confirmer le comportement sur différents contextes.

Stratégies d’intervention, un volet multimodal

Parce que les causes sont multiples, les réponses doivent l’être aussi. Une intervention éducative ensemble de mesures pédagogiques adaptées aux besoins spécifiques de l’élève efficace combine :

  • Adaptations pédagogiques : temps supplémentaire pour les tests, consignes claires, supports visuels.
  • Enseignement explicite de stratégies d’étude (ex. : résumés, cartes mentales).
  • Programme de coaching exécutif pour améliorer l’organisation et la gestion du temps.
  • Thérapie cognitivo‑comportementale (TCC) ciblant l’impulsivité et l’anxiété souvent présentes chez les enfants comorbides.
  • Exercices de motricité fine et de coordination pour les enfants dyspraxiques.

Lorsque la pharmacothérapie est indiquée, les stimulants (méthylphénidate, amphétamines) réduisent l’inattention et peuvent indirectement améliorer les performances scolaires liées aux troubles d’apprentissage. Cependant, la médication ne doit jamais remplacer les soutiens éducatifs ; elle agit comme un levier qui facilite l’apprentissage.

Équipe éducative et familiale planifiant un programme d’intervention pour l’enfant.

Tableau comparatif des principaux troubles associés

Comparaison TDAH, dyslexie et dyspraxie
Caractéristique TDAH Dyslexie Dyspraxie
Prévalence ≈ 5 % des enfants ≈ 6 % des enfants ≈ 5‑6 % des enfants
Principaux déficits Inattention, impulsivité, hyperactivité Décodement de mots, fluidité de lecture Coordination motrice, planification d’actions
Zones cérébrales concernées Cortex préfrontal, striatum Air latéral du gyrus temporo‑occipital Cervelet, lobes pariétaux
Tests diagnostiques Échelles Conners, tests d’attention Test de lecture de mots (ex. : L’Alouette) Évaluation de la coordination (ex. : BHK)
Interventions clés Médication, coaching exécutif, stratégies d’organisation Remédiation orthophonique, supports visuels Thérapie motrice, exercices de planification

Vers une prise en charge coordonnée

L’enjeu majeur est la communication entre les différents acteurs : médecins, psychologues, enseignants, parents. Un plan d’action partagé, souvent appelé « plan d’intervention individualisé (PII) », décrit les objectifs académiques, les adaptations en classe et le suivi médical. Sans ce cadre, les enfants peuvent glisser dans le décrochage ou développer une faible estime de soi.

En pratique, voici trois étapes pour mettre en place un PII efficace :

  1. Établir un diagnostic complet à l’aide de la psychiatrie pédiatrique et des tests neuropsychologiques.
  2. Définir des objectifs mesurables (ex. : lire 20 mots nouveaux par semaine).
  3. Planifier des revues trimestrielles avec l’équipe éducative pour ajuster les stratégies.

Ces étapes favorisent la cohérence des interventions et permettent de suivre les progrès réels, pas seulement les impressions subjectives.

FAQ - Questions fréquentes

Le TDAH cause-t-il toujours des troubles d'apprentissage ?

Non. Environ un tiers des enfants atteints de TDAH ont un trouble d'apprentissage, mais la majorité n’en présente pas. La présence ou l'absence dépend de la combinaison de facteurs génétiques, neurologiques et environnementaux.

Comment différencier l’inattention liée au TDAH d’une simple fatigue scolaire ?

L’inattention du TDAH est persistante, apparaît dans plusieurs contextes (maison, école, loisirs) et interfère avec le fonctionnement quotidien. La fatigue scolaire disparaît généralement après un repos ou un week‑end.

Quel rôle joue la médecine dans la prise en charge des troubles d’apprentissage associés ?

Les médicaments ne traitent pas directement les troubles d’apprentissage, mais ils peuvent réduire les symptômes du TDAH, facilitant ainsi l’accès aux stratégies pédagogiques. La collaboration entre médecin et enseignant reste indispensable.

Existe‑t‑il des outils numériques utiles pour ces enfants ?

Oui, des applications de gestion du temps (ex. : Todoist), des lecteurs d’écran, et des programmes d’entraînement cognitif (ex. : Cogmed) sont très appréciés. L’important est de choisir des outils simples à intégrer dans le quotidien.

Comment les parents peuvent‑ils soutenir leur enfant à la maison ?

En créant une routine structurée, en découpant les devoirs en petites étapes, et en utilisant des récompenses immédiates pour renforcer la motivation. Un environnement calme, sans distractions multimédias, aide aussi à canaliser l’attention.

12 Commentaires

  • Image placeholder

    Marie Gunn

    octobre 18, 2025 AT 21:18

    Effectivement, le chevauchement entre le TDAH et les troubles d’apprentissage n’est pas un hasard ; les circuits fronto‑pariétaux partagent des déficits similaires. Une prise en charge précoce, combinant adaptations pédagogiques et suivi médicamenteux, permet de réduire la surcharge cognitive. En pratique, il faut instaurer un plan d’intervention individualisé dès la première année scolaire, afin de soutenir la motivation de l’enfant.

  • Image placeholder

    Yann Prus

    octobre 19, 2025 AT 20:56

    C’est bien beau de parler neuro‑biologie, mais au final c’est souvent la fatigue de la société qui alimente l’insomnie des enfants. On se perd dans les étiquettes alors que le vrai problème, c’est la surcharge d’informations à digérer. La vraie sagesse réside dans la simplicité.

  • Image placeholder

    Beau Bartholomew-White

    octobre 20, 2025 AT 21:58

    Il est impératif d’adopter une perspective holistique qui intègre les dimensions cognitives, affectives et environnementales afin de concevoir des interventions qui transcendent les simples correctifs académiques

  • Image placeholder

    Nicole Webster

    octobre 22, 2025 AT 00:30

    Le TDAH représente un défi quotidien pour de nombreux enfants.
    Lorsqu’il se combine à un trouble d’apprentissage, les difficultés s’amplifient.
    Les parents se sentent souvent dépassés par le manque de repères.
    Les enseignants doivent faire face à des besoins très diversifiés en classe.
    Il est donc essentiel de reconnaître que chaque enfant possède un profil unique.
    La coopération entre les familles, les écoles et les médecins constitue le socle d’une prise en charge efficace.
    Les évaluations neuropsychologiques offrent une vision détaillée des forces et des faiblesses.
    Ces tests permettent d’identifier les zones cérébrales impliquées dans l’inattention et la dyslexie.
    Une fois le diagnostic posé, un plan d’intervention individualisé doit être élaboré.
    Ce plan doit inclure des adaptations pédagogiques comme du temps supplémentaire et des consignes claires.
    Il doit également proposer des stratégies d’organisation, telles que la création de listes de tâches.
    La pharmacothérapie, lorsqu’elle est indiquée, peut réduire l’impulsivité et améliorer la concentration.
    Cependant, les médicaments ne remplacent pas le travail effectué en classe et à la maison.
    Les parents doivent instaurer une routine structurée pour renforcer les acquis.
    Enfin, un suivi régulier permet d’ajuster les mesures en fonction des progrès de l’enfant.

  • Image placeholder

    Elena Lebrusan Murillo

    octobre 23, 2025 AT 04:16

    Il est inadmissible que la législation actuelle ne prévoie pas de soutien obligatoire aux enfants atteints de comorbidité TDAH‑dyslexie.

  • Image placeholder

    Thibault de la Grange

    octobre 24, 2025 AT 09:35

    Je trouve que le dialogue entre psychologue et enseignant est primordial pour ajuster les stratégies d’apprentissage ; chacun apporte une vision complémentaire qui enrichit le suivi de l’enfant

  • Image placeholder

    Cyril Hennion

    octobre 25, 2025 AT 16:10

    En effet, votre affirmation selon laquelle il faut «intégrer les dimensions cognitives, affectives et environnementales» témoigne d’une conception superficielle du problème ; il faut souligner que les approches multidisciplinaires, pourtant souvent vantées, manquent cruellement de rigueur méthodologique, ce qui engendre des protocoles hétérogènes et peu reproductibles.

  • Image placeholder

    Sophie Ridgeway

    octobre 27, 2025 AT 00:08

    Quelle belle initiative de mettre en avant la collaboration entre les différents acteurs ! 🎨 En unissant nos forces, nous créons un tableau vivant où chaque couleur représente un soutien précieux pour l’enfant.

  • Image placeholder

    Éric B. LAUWERS

    octobre 28, 2025 AT 09:28

    Dans le cadre de la politique éducative nationale, il est crucial d’adopter un lexique commun centré sur l’efficacité opérationnelle ; les termes «synergie» et «optimisation du capital humain» doivent guider nos actions afin de maximiser le rendement cognitif des élèves.

  • Image placeholder

    julien guiard - Julien GUIARD

    octobre 29, 2025 AT 20:11

    Votre exposé, bien que complet, frôle l’épopée tragique d’un héros qui lutte contre les ombres de son propre cerveau ; la vérité, c’est que chaque jour sans soutien adéquat se transforme en scène dramatique où l’enfant perd peu à peu son éclat.

  • Image placeholder

    Céline Amato

    octobre 31, 2025 AT 08:18

    c’est trop chiant de pas avoir des outils qui marchent vraiment

  • Image placeholder

    Anissa Bevens

    novembre 1, 2025 AT 21:48

    Pour optimiser la prise en charge, il est recommandé d’utiliser des plateformes d’apprentissage adaptatif intégrant le tracking des performances en temps réel, ainsi que des modules de neurofeedback ciblant la plasticité cérébrale ; ces solutions permettent d’ajuster les interventions de façon dynamique et personnalisée.

Écrire un commentaire